Rouge insomnie

Ill. © Lisiere 1997

Voltige des mots
dans le creux du silence.
Dormir plus loin est impossible
quand des étoffes rouges
se taillent sous l'abrupt,
assaillent jusqu'au centre

J'appelle matin, j'appelle solitude.
Je ne sais pas l'homme, celui qui dort,
le corps en croix. On dirait qu'il est mort.
Doux, pourtant
Pourtant, puissant
Homme reconnu mille fois sous l'aile de la main

La grappe des vignes mûres
tombe au sol et éclate
Point vernal,
Equinoxe doré,
je te cherche sous les bruyères du soir,
dans tous les plis du vent

Accepter.
Jusqu'au regard grave
du petit garçon ancien
qui n'est plus rien,
qu'une poussière d'étoile
au froid d'un cimetière.
Se défaire des temps de soie
dire les marées du sang,
la mort des songes doux,
et puis l'amour à mort,
celui dont on pleure aussitôt.

Le sable coule au fond des yeux,
l'odeur du goémon de juillet
se referme.
Le vieux cheval tremble
de ses galops anciens.
Dans les abattoirs,
on repasse les couteaux
pour l'agneau de décembre.
Odeur de cuir, odeur de sang.
Dans les couloirs du vide
encore marcher jusqu'à l'oubli de soi.

Au quai, une barque cogne.

 


ill. Daniel Bouillot - © Lisiere et l'auteur

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